COLLECTIF LOUE-LISON : COMMENT ÊTRE ACTEUR DE SON TERRITOIRE ?
Le Collectif Citoyens Loue Lison est né de la volonté d’habitants de devenir auteurs et acteurs de leur territoire. Face aux enjeux forts de notre société : dérèglement climatique, vivre ensemble, développement local, raréfaction des ressources naturelles, bio-diversité menacée, déchets, malbouffe, finance mondialisée, quelle peut être la place de la société civile ?
Il a fallu plusieurs étapes et un peu de temps pour effectuer cette prise de conscience. En 2014 , une soirée projection/débat était organisée, pendant le mois de l’ESS, autour du thème “ La croissance, le bonheur et moi”. Une année plus tard le 27 nov 2015, ce fut “ Ma planète, la finance et moi” avec la projection du film “ La nature, le nouvel eldorado de la finance”. Ce soir-là une centaine de personnes ont décidé de créer le Collectif Citoyens Loue Lison en faisant émerger des idées et projets mobilisant des personnes volontaires pour s’engager. Plusieurs thématiques ont été retenues qui au long des années se sont étoffées . Les circuits courts avec l’installation d’un marché hebdomadaire sur Ornans, la promotion des marchés de plein-air et l’appui aux maraichers et producteurs locaux. Le vivre ensemble aboutissant à la création d’un café associatif porté au départ par Emmaüs et Familles Rurales, lieu d’échanges et d’activités. La transition énergétique en collaboration avec un autre collectif : EMNE “Ensemble Mobiliser Nos Energies” qui outre ses veillées de “sobriétaires” est à l’origine de la création de la Fruitière à Energies dont l’objet est l’installation d’unités de production d’énergie renouvelable. L’éducation à la citoyenneté et l’écologie par le biais les cafés citoyens ( la finance, le retour du loup, l’éducation, charlie hebdo, le linky, les gilets jaunes, l’obligation vaccinale, la dépénalisation du cannabis, les migrants, la solidarité…) mais également en organisant les journées de la transition sur Ornans et Quingey, la fête des possibles centrée sur la gaspillage avec la participation des collèges, les nuits de l’agro-écologie pour un dialogue avec les agriculteurs et les habitants, une soirée sous chapiteau sur la démocratie participative, des actions d’information au recyclage des déchets, un débat sur climat et météo organisé par un autre collectif « les pieds sur terre » .L’appui à la création d’activités par la création de clubs d’investisseurs solidaires( Cigales) et la promotion de la Pive, monnaie locale complémentaire.
Et enfin la communication avec la création d’un blog et l’édition d’une lettre trimestrielle. A l’usage, ces outils sont devenus le fer de lance du collectif. Avec 800 adresses mail, nous touchons les particuliers, les associations et les élus. La lettre est l’outil de transmission des infos du collectif mais aussi et surtout elle se veut le relais des initiatives du territoire. C’est ainsi, qu’avec plus d’une trentaine de parutions, la lettre est devenue la lettre de tous. Elle est le support des débats/ projections en collaboration avec les salles de cinéma du secteur. Nous y avons relayé et amplifié des actions telles que “Nous voulons des coquelicots” et le tour Alternatiba. L’objet de la création du Collectif s’est affirmé progressivement sur la volonté de faire de notre secteur un territoire en transition écologique et citoyenne.
Le Collectif n’était pas pressé de se constituer en association, privilégiant en ce sens l’ouverture à tous sans imposer une organisation pyramidale. Au bout de quelques années, pour des raisons de reconnaissance et d’assurance, nous avons basculé sous le statut associatif avec la ferme intention de garder l’esprit du collectif. En 2018, l’association “collectif loue lison” naissait.
Dès lors, des sujets parfois polémiques ont fait l’objet d’articles dans notre lettre : la préservation des paysages et du patrimoine naturel face aux casse-cailloux ou la préservation des rivières en appui aux initiatives de SOS Loue et rivières comtoises ainsi que celles du Samu de l’Environnement. Les vendredis de “Nous voulons des coquelicots ”, à chaque fois dans des villages différents, ont donné la parole aux tenants des agricultures conventionnelle et bio. Autre sujet épineux, les élections municipales de 2020. Le collectif a choisi de publier un bulletin municipal de 2026 d’une commune imaginaire Clernans-le-Chateau faisant le point sur le travail de son équipe municipal après 6 ans de mandature. Bien sûr la dimension écologique et sociale y était fortement présente, prouvant que même une petite commune pouvait prendre des initiatives permettant de modifier son futur.
Notre volonté d’œuvrer en lien avec les élus des collectivités et des institutions s’est affirmée naturellement . Nos membres ont participé aux instances du Programme Leader pour apporter notre touche transition écologique et citoyenne. Il en a été de même pour le PCAET ( Plan Climat Air Energie Territorial) visant la neutralité carbone en 2050, plan pour lequel nous avons appelé nos lecteurs à répondre à la consultation publique, tout en ouvrant nos colonnes à la Communauté de Communes pour un article d’information.
A titre d’exemple, à ce jour, nous avons entrepris une action pour préserver les paysages des côteaux de la Hte Loue et lutter contre l’enfrichement des espaces naturels, rejoignant et soutenant le point de vue des acteurs institutionnels : EPAGE ( Etablissement public d’aménagement et de gestion des eaux) Ht Doubs-Hte Loue, Natura 2000, les associations foncières pastorales, le Conseil Départemental, mais aussi des initiatives privées ou associatives ( la marsotte , coopérative pour la valorisation des cerisiers, des vergers ou espaces abandonnés repris en entretien par des habitants..). Notre but est d’arriver à limiter l’enfrichement, créer des activités économiques ( élevage, maraîchage, vergers..) . La stratégie dans un premier temps est de donner la parole aux acteurs dans notre lettre.
Au final, notre collectif veut donner la parole aux acteurs du terrain et prioritairement aux habitants pour qu’ils deviennent de véritables citoyens responsables de leur présent et de leur devenir. Au bout de 5 années de mise en mouvement , nous pouvons témoigner de la vivacité des initiatives portées par la société civile s’appropriant leur territoire. Un très beau potentiel.
Daniel Hincelin