Carnet de bord de l’atelier du 12 décembre 2015 et texte de l’intervention de Joachim Dupuis


Carnet de bord de l’atelier du 12/12/2015 (rédigé par Philippe Roy)

La mort cellulaire : un enjeu biologique, politique et cinématographique

Vendredi 11 décembre

10 personnes ont passé la nuit au gîte : Séverine, Claude, Jérôme, Pierre, Joachim, Estelle, moi-même, 2 adolescentes (Sarah, Emma) et un petit garçon (Félix). A noter la présence d’une chienne “Ma belle”, premier “participant” non-humain à nos ateliers… Comme d’habitude les vendredis soir, les arrivées se sont échelonnées. Suite à un commun accord dans la semaine, le repas du soir a été pris après l’arrivée des derniers, vers 22h (excepté pour les trois plus jeunes). Les convives ont partagé une tartiflette (et salade verte) autour de la grande table devant la cheminée, tirant du fût quelques pichets de rouge (venant du Beaujolais) et de blanc (du vin d’Ardèche). Les dernières paroles ont été gelées (Rabelais…) à 2 heures du matin, en vue du dégel du lendemain.

Samedi 12 décembre

Mais avant le dégel des mots il a fallu se confronter au gel de la nuit sur le pare-brise, pour aller chercher du pain à la boulangerie d’Amancey afin que tout le monde puisse prendre le petit déjeuner (avec des confitures variées et originales), là aussi de façon échelonnée (le premier levé, à 7h30, ayant été le plus jeune d’entre nous). D’autres participants arrivèrent, sous le soleil, peu avant 10h : Stéphane, Philippe B, Damien, Laurence, Sylvain. Abdel arriva aussi, juste à temps, pour commencer son intervention intitulée « La mort, insaisissable alien ? Le point de vue d’un biologiste » (résumé ci-joint). L’ intervention fut très vivante (à raviver la mort), bien illustrée par divers schémas, images, dessins. On retiendra peut-être ce schéma montrant un tueur, un protecteur et un exécuteur avec un bâton de dynamite, un vrai western cellulaire, et aussi un certain intérêt pour les crânes dont un fut montré juste avant l’endroit où se croisent les cuisses, ici délicieuses… et qui ne sont pas de grenouille ! Les nombreux problèmes, posés très clairement par Abdel, furent suivis et discutés avec grand intérêt, voire passionnants (aux dires de certains). Quelques ponts avec l’intervention de Joachim furent établis par Abdel, montrant l’unité transdisciplinaire de cette journée. Tout le monde ne resta pas pour partager le repas du midi, Philippe B ayant déjà prévu d’inviter Laurence et Damien. Ce repas (gratin de courges, coq au vin, pâtes, fromages de la région) fut l’occasion de prolonger encore les discussions autour de cette thématique de la mort cellulaire et d’en entamer bien d’autres. C’est peut-être la raison pour laquelle il dura plus longtemps que prévu et que nous ne pûmes rejoindre la salle d’atelier pour visionner le film L’âge de cristal que vers 15h (au lieu de 14h30) dans lequel la cure de jouvence consiste paradoxalement à devenir vieux… Sylvain me signala que ce type de film des années 1970 (et spécialement 1976) relève d’une spécificité jamais égalée. Ce dont nous eûmes en effet l’impression puisque chacun releva des aspects que nous ne retrouvons plus maintenant (même si certains aspects furent décriés comme ce robot dans la grotte de glace que Stéphane prit viscéralement en grippe en milieu de soirée).

L’intervention de Joachim « Cristal de mort dans le cinéma » (résumé ci-joint) commença un peu après 17h. Elle fut ambitieuse car elle entendait présenter la situation historique du cristal dans le cinéma, la liant à une problématique politique (ceci en nous présentant plusieurs films, parfois des extraits). Par ailleurs, Joachim interrogea le concept de cristal, ses différentes significations. Bien sûr il fut aussi question du film que nous venions de voir, d’autant plus que Joachim et Abdel sont en train d’écrire un livre à quatre mains sur ce sujet. Tout ceci devait alors nous préparer les thèses de Joachim au sujet du cristal de mort (et son rapport à la mort cellulaire). Mais l’ampleur du projet ne pu tenir dans le temps prévu (qui fut repoussé jusqu’à 19h), ce qui frustra un peu Joachim, comme les participants. D’autant plus que ce temps fut aussi occupé par des réflexions intéressantes proposées par les participants et auxquelles Joachim pris le temps de répondre.

A 19h, la lecture prévue d’un texte de Beckett (Soubresauts) par Marco Candore fut annulée pour des raisons dont j’avais rendu compte le matin même en présentant la journée. Elle fut remplacée par la présentation d’un livre collectif Je suis Charlie. Ainsi suit-il… dont une partie des auteurs sont des membres et intervenants de nos ateliers. Ceci se fit avec la participation à distance par Skype de deux des auteurs : Cédric Cagnat et Alain Brossat (Alain Naze ne pu être avec nous pour des raisons techniques). Sylvain dû partir et Philippe B se joignit de nouveau à nous. Etant aussi un des auteurs du livre, j’en fis une présentation sommaire complétée par des ajouts d’Alain et Cédric. S’ensuivirent des échanges animés auxquels participèrent tour à tour devant micro et caméra de Skype : Joachim, Jérôme, Philippe B, Abdel. Alain et Cédric évoquèrent la soirée de présentation du livre qu’ils venaient de faire dans la semaine à Paris où entre 50 et 100 personnes y assistèrent. Alain insista beaucoup sur le rapport (et surtout le non rapport) de la France à la Guerre d’Algérie (et donc aux immigrés), ceci pouvant donner à comprendre certaines conduites violentes de jeunes issus de l’immigration. Abdel fit d’ailleurs part de la non reconnaissance de son père kabyle par la France après avoir combattu pour elle et été blessé au combat (Seconde guerre mondiale). Cédric évoqua la situation politique à la veille du deuxième tour des élections régionales, défendant que le vrai problème n’était pas d’être dans une énième déploration de la montée du FN mais de se demander comment faire pour qu’advienne autre chose que ce présent politique désastreux, ceci passant par une véritable mobilisation politique qui ne semble pas être à l’ordre du jour à la lecture de quelques mails qu’il a reçu et qu’il nous a lus (au point qu’Alain soupçonna Cédric de les avoir sortis de Meetic plus que de sa boîte…). “Prendre la mesure de notre présent” fut un point qu’illustra Jérôme en nous faisant part de la réaction des étudiants assistant à la multiplication des comparutions immédiates (en temps d’état d’urgence) lorsqu’il se rendit avec eux au tribunal. Alain souligna que ce présent était marqué par la peur (influencé par BFM TV…), ce que Philippe B tempéra en affirmant que ce n’était pas son sentiment, ici, dans le canton d’Amancey.
Je lu ensuite une pétition prenant la forme d’une lettre ouverte intitulée Assignez-moi !, écrite par Alain Brossat et complétée par certains d’entre nous. Des participants la signèrent. Elle fut publiée lundi matin (le 14) sur Médiapart.

L’apéritif fut ensuite servi (il avait à vrai dire commencé en contrebande, amorcé par Cédric, pendant la discussion sur le livre…). Tout le monde (sauf Philippe B) se retrouva une fois de plus autour de la table. Devant un beau feu de cheminée (s’opposant à tout gel des paroles), nous dégustâmes des aiguillettes de canard sauce poivre vert (et du fromage) en tirant encore quelques pichets des fûts (jusqu’au moment où un des fûts fut). Nous nous entretînmes longtemps sur la question du Cynar dont je ne peux résumer les avis tant cela s’avère après-coup n’être affaire que d’initiés. Tant pis pour les absents…Le lendemain matin à 10h eut lieu l’AG de l’association “Voyons où la philo mène…” dont les membres recevront bientôt le compte-rendu. Le prochain atelier aura lieu le 6 février !

PDF texte-intervention-joachim-dupuis

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